Famille d'accueil
Categories: Citoyenneté, Familles, Lettres | Published On: 15 janvier 2016 |

Chers amis,

La gratitude est l’un des plus beaux sentiments humains.

Mais c’est aussi un bienfait incroyable pour notre santé. Les études scientifiques s’accumulent pour le dire : cultiver la gratitude réduit le stress, combat la dépression et contribue… au bonheur !

Alors, en ce début d’année, je propose de vous donner la possibilité de ressentir ce précieux sentiment à l’égard d’un groupe de professionnels étonnant d’amour et de générosité, et dont le travail admirable est trop souvent méconnu.

Je veux parler de ces pères et mères (souvent des mères) qui se portent volontaires pour être « famille d’accueil » et recevoir chez eux des enfants maltraités ou en rupture.

Pendant ces dernières vacances, j’ai rencontré Catherine Regragui qui m’a fait part de son expérience particulière de famille d’accueil avec son mari Samir, alors qu’ils avaient 3 enfants en bas âge.

J’ai tellement appris de notre rencontre qu’il m’est apparu nécessaire de vous en faire part. J’ai choisi la forme interview, plus conviviale.

Mais juste avant de vous la transmettre, permettez-moi de vous redire un mot de la plateforme « jeunes familles ».

Beaucoup d’entre vous se sont préinscrits à ce projet de conseils de santé qui se distingue par l’absence totale de PUBLICITÉ. Nous avons créé cette plateforme avec 15 collègues spécialistes bénévoles de la SANTÉ, et de tous les sujets intéressant les familles.

Si vous souhaitez soutenir cette initiative et profiter de conseils de santé, merci d’adhérer au plus vite à la plateforme www.jeunesfamilles.org pour 15 €.

À très bientôt le plaisir de vous retrouver via la boîte à questions à votre disposition.

Professeur Henri Joyeux

 

Chère Madame, vous avez une grande expérience de famille d’accueil, puisqu’en plus de vos 3 enfants, vous avez, avec votre mari, accueilli en famille, pendant plusieurs années, une dizaine d’enfants au total.

Nous aimerions connaître plus précisément cette profession qui est destinée à offrir à des enfants en difficulté un foyer chaleureux d’amour, d’éducation, de transmission. 

1/ Comment est-on choisi, sélectionné pour être famille d’accueil ?

Pour devenir assistante maternelle pour l’Aide sociale à l’enfance (A.S.E. ex ADDAS), ce qu’on appelle communément famille d’accueil (attention, même si la dénomination d’assistante maternelle est la même, il ne s’agit pas de la nounou qui garde les enfants en bas âge, mais bien d’un métier différent à plein temps), il faut, après avoir postulé et été sélectionné, effectuer une longue formation diplômante de 280 heures, dispensée par le Conseil Général de son département.

Il faut ensuite obtenir des « agréments », ce qui signifie le nombre d’enfants que vous pouvez accueillir en même temps ; ce nombre est tout de même fluctuant, il peut être modifié en raison des besoins du service, ou ne plus être valable en changeant de département si vous déménagez.

J’avais trois agréments dans l’Hérault, pour accueillir trois enfants donc, qui ont été considérés comme sans validité en arrivant dans les Pyrénées-Orientales, pour le motif que ce département n’était pas favorable à l’accueil multiple. À souligner, donc, que chaque département fait comme il l’entend, il n’y a pas de politique commune ; ainsi ce métier est exercé avec des différences notables, des pratiques, des moyens, des intentions et des rémunérations très variables suivant les départements.

2/ Qui vous confie les enfants, et quel âge ont-ils ?

Le profil des enfants est très variable, cela va de tout petits (le plus petit que nous ayons accueilli avait 3 mois) à de jeunes adultes (le plus grand avait 21 ans à son départ).

Ces enfants sont également placés de différentes manières : bébés en attente d’adoption, placement par les services sociaux en accord avec la famille qui demande un soutien, ou par placement judiciaire.

En tout, ont été accueillis chez nous, en dix ans, 14 enfants, certains uniquement les week-end, d’autres seulement la semaine, un des enfants n’a été placé que pour 15 jours, d’autres sont restés jusqu’à 5 ans.

Beaucoup de ces enfants accueillis sont des adolescents qui ont souvent été placés petits (3 ou 4 ans) dans des centres et y sont restés plus d’une dizaine d’années. Ils arrivent dans les familles d’accueil alors qu’ils sont en rupture sociale, familiale et scolaire, ce qui est bien regrettable car placés petits en famille d’accueil, ces mêmes enfants auraient eu plus de chances de construire un avenir moins tourmenté, d’autant qu’il est moins coûteux de placer un enfant en famille d’accueil qu’en centre.

De plus, ces enfants dans les centres fument, sont mal soignés (pour l’expérience que j’en ai eue). Âge moyen de défloraison des jeunes filles dans ces centres : 11 ans… Sur les 14 enfants que nous avons accueillis, 8 sont passés par ces établissements.

3/ Y a-t-il un suivi médico-psychologique, et si oui, qui en est responsable ?

Alors oui, il y a suivi psychologique, mais… à condition qu’il soit accordé, qu’il y ait les finances, qu’il y ait des places disponibles et des médecins… Pour un des enfants accueillis qui en avait grand besoin, j’ai dû réclamer pendant six mois un suivi psychologique pour enfin en obtenir… la promesse…

Pour comprendre qui est responsable de ces enfants accueillis, il faut regarder la hiérarchie du Conseil Général. En premier lieu, c’est « l’Attaché », LE responsable administratif des décisions concernant cet enfant, son placement, son retrait, son suivi, les fonds qui lui sont attribués, les soins, etc. Si c’est un placement judiciaire, l’Attaché fait exécuter la décision du juge en plaçant l’enfant.

Sous l’Attaché, sur le terrain, ce sont les travailleurs sociaux, un éducateur référent, et l’assistante maternelle, devant rapporter à l’Attaché le suivi de l’enfant. Normalement ils sont sur le même pied d’égalité, mais… certains éducateurs ou travailleurs sociaux se pensent supérieurs aux assistantes maternelles. Nous nous sommes battues pour avoir droit à la parole, pour faire entendre les besoins d’un enfant, pour être admises dans les réunions de bilan où sont prises les décisions concernant l’enfant placé chez nous.

Là aussi, des méthodes fluctuantes, certains attachés invitent les assistantes maternelles à une partie de la réunion, ou pas du tout, d’autres estiment que leur parole est précieuse pour la prise en charge de l’enfant.

Pire encore, certains Attachés prennent des décisions vous concernant ou concernant l’enfant accueilli sur simples dires d’un travailleur social, sans prendre le temps de vous rencontrer. C’est ainsi qu’est évalué le travail de l’assistante maternelle… Certains Attachés ne rencontrent jamais les enfants non plus.

En cas de conflit entre les différents décideurs ou intervenants, en cas d’échec ou de difficulté, en cas de défaillance ou même d’incompétence, il est facile de comprendre que d’un côté il y a une assistante maternelle et de l’autre « Le » Conseil Général, alors, comme il nous a été dit en réunion : « Vous êtes les fusibles, en cas de problème, c’est vous qui sautez »…

4/ Quels sont les rôles respectifs de la mère et du père d’accueil ?

Il faut savoir que l’assistante maternelle est la mère de famille (ce métier existe aussi, mais moins fréquemment, pour les pères), mais c’est toute la famille qui accueille. Ce qui rend cet accueil riche et complexe. La mère de famille est celle à qui est confié, de façon exclusive, l’enfant. Elle seule est entendue pour le suivi de l’enfant, mais bien sûr le père de famille a un rôle important de tuteur sur lequel s’appuie l’enfant pour se construire. D’ailleurs, avant l’accueil d’un enfant, l’Attaché prend en compte le milieu familial, les autres enfants accueillis si c’est le cas, la situation familiale. On n’accorde d’agrément qu’aux familles.

5/ Que savez-vous de l’histoire personnelle et familiale de l’enfant accueilli ?

De nouveau, c’est très aléatoire, cela dépend de l’équipe qui suit l’enfant. Dans le meilleur des cas, le service du département nous transmet ce qu’il sait, mais il nous cache souvent une partie de ce qu’il sait.

Sont tus des faits graves (la maman d’un des jeunes que j’ai accueillis, par exemple, avait poignardé sa belle-mère et était une habituée des violences, je ne l’ai appris que par maladresse le jour du départ de ce jeune, alors que cette maman venait régulièrement à la maison en présence de mes enfants…), des maladies contagieuses (SIDA, hépatites…) , des problèmes de comportements (énurésie, addiction…) et parfois même des éléments essentiels de son histoire (abus, abandon, maltraitance).

La raison évoquée est « sinon vous risqueriez de refuser certains enfants », alors que bien sûr ce n’est pas là que réside le problème, mais bien celui de la prise en compte globale des souffrances de l’enfant. D’autant qu’il nous est « interdit » de refuser plus de trois accueils consécutifs sous peine d’être rayés des listes…

6/ L’enfant accueilli s’intègre-t-il facilement dans sa famille d’accueil ?

Evidemment, chaque enfant arrive avec son histoire propre, ses souffrances, et tout n’est pas simple. Souvent, il rejoue ce qu’il n’a pas su résoudre. J’ai constaté personnellement, d’après mon expérience, que lorsqu’il y a d’autres enfants accueillis dans la même famille, c’est moins difficile pour celui qui arrive car il perçoit qu’il n’est pas seul à avoir une histoire douloureuse et qu’il n’est pas un vilain petit canard dans une gentille petite famille bien propre. C’est souvent le premier lieu où ils arrivent à se poser et à trouver enfin une place.

En nous voyant nous adresser aux plus petits, des plus grands peuvent aussi récupérer par petites miettes ce qu’ils n’ont pas reçu petits, s’en avoir l’air de régresser.

J’ai vu plusieurs fois des grands écouter derrière la porte les histoires que je lisais aux plus petits… Ensuite, pour moi, l’élément primordial, en plus de l’écoute et la patience, c’est le temps. Le temps c’est de l’amour, ça n’a pas de prix, ça n’est ni rémunéré, ni compté, c’est donné. 

J’ai constaté qu’il fallait en moyenne deux ans et demi dans la famille d’accueil pour qu’un enfant commence à se reconstruire et à se tourner vers son avenir. Tous les enfants accueillis n’ont pas la chance de rester aussi longtemps, hélas, et repartent avant même que leur placement ait pu être constructif, parfois pour retourner dans leur milieu familial que l’on sait toxique.

7/ Combien de temps gardez-vous les enfants en moyenne ?

Certains enfants arrivés pour un placement-relais à court terme, le temps que des décisions soient prises pour eux, restent finalement longtemps. Pour d’autres, le couperet de l’arrêt du placement tombe, pour différentes raisons : placement en centre, retour dans la famille naturelle, placement dans une autre famille d’accueil, et même désaccord entre les services ! Chaque enfant arrivant dans une famille d’accueil est dépendant des décideurs pour son avenir. Certains ont la chance de « tomber » sur le bon éducateur, disponible et à l’écoute, sur le psy avec lequel le courant passe bien, sur l’Attaché qui va leur laisser le temps de trouver l’énergie d’aller de l’avant.

Pour d’autres hélas, des intervenants incompétents, un éducateur débordé (les éducateurs ont en charge jusqu’à 120 dossiers), un Attaché inaccessible à ses besoins, et même un juge versatile (!) de sorte que les cartes ne sont pas distribuées de la même façon pour chaque enfant…

La plupart des enfants que nous avons accueillis n’ont pas eu la chance de pouvoir rester jusqu’au bout de l’accueil, c’est-à-dire jusqu’à l’aboutissement de ce qu’on aurait pu leur apporter.

8/ Avez-vous des liens avec la famille originelle ?

Le travail de l’assistante maternelle ne consiste pas seulement à veiller au bien-être quotidien matériel de l’enfant, en plus des suivis médicaux, scolaires, psy. Un temps important est consacré à la parole. Quelle que soit son histoire, l’enfant devra vivre avec, devra intégrer à son parcours les parents dont il a été séparé.

Ainsi l’assistante maternelle consacre aussi du temps à réinstaurer, dans la mesure du possible, le dialogue avec la famille de l’enfant ; la confiance, pour essayer de raccrocher l’enfant avec son histoire. J’ai souvent soutenu des mamans que la vie n’a pas épargnées, le soulagement de l’enfant déteignant sur sa maman, et inversement.

9/ Après le départ de l’enfant, gardez-vous des contacts ou êtes-vous tenue au courant de son évolution ?

Les consignes ne vont pas dans ce sens ! Les préceptes sont : « ne pas s’attacher aux enfants accueillis » et « ne pas garder de contact après leur accueil » ! Inutile de demander des nouvelles au service, c’est clos. Pourtant, l’accueil de chaque enfant est censé l’amener un peu plus loin sur son chemin, il fait partie de son histoire ! J’ai eu la chance que quelques-uns, suffisamment grands, ou leur maman, aient gardé contact longtemps et donné des nouvelles.

10/ Quelle rémunération recevez-vous et est-elle variable selon l’âge de l’enfant ? Qui paye la rémunération ?

La rémunération est, là aussi, variable d’un département à l’autre, à ma connaissance il existe deux fonctionnements :

  • Dans un département, le salaire était inférieur au SMIC pour l’accueil d’un seul enfant, mais multiplié par le nombre d’enfants accueillis, d’où la difficulté de gagner sa vie quand on n’a acquis qu’un seul agrément ! De plus, si pendant un temps il n’y a pas d’accueil, il n’y a pas non plus de salaire…
  • Dans un autre département, l’assistante maternelle reçoit une base fixe, quel que soit le nombre d’enfants accueillis et la charge de travail.

Les frais pour les enfants (vêture, entretien, activités) sont versés en sus, de façon variable, en fonction des besoins et de l’âge des enfants. Par contre, on exige parfois des travaux dans la maison qui sont à la charge des familles.

Il nous a été imposé de faire des travaux sur notre terrasse, de rajouter une marche et de la clôturer pour un enfant qui ne marchait pas et qui est parti quelques mois après. De la même façon, il nous a été imposé des travaux dans la salle de bains pour un plan de travail en dur, une clôture dans le jardin pour séparer notre brave chien dont on nous a suggéré de se débarrasser, etc. Nous devions encore mettre des barreaux aux fenêtres, ce que nous n’avons pas fait faute de moyens.

Dans tous les cas, l’employeur est le Conseil Général de son département ou de celui dont vient l’enfant. J’ai personnellement travaillé pour quatre départements.

11/ Y a-t-il des contrôles de la part de l’organisme qui vous confie les enfants ?

Non seulement il y a des contrôles, mais il ne faut pas oublier que votre lieu de travail est… votre domicile. Alors, si l’on trouve normal et nécessaire que les enfants soient suivis dans la famille d’accueil et leur lieu de vie, il y a aussi des abus. Il m’avait par exemple été reproché par une puéricultrice particulièrement… pénible, d’avoir délaissé le ménage pour m’occuper des enfants accueillis parce que j’avais oublié de dépoussiérer le dessous des marches de l’escalier…

La même m’avait aussi reproché d’avoir trois enfants (les miens)… La décoration même de votre intérieur est regardée à la loupe : il nous a été demandé d’enlever des bibelots, des fleurs séchées… et on m’a demandé d’ouvrir l’armoire pour vérifier l’entretien du linge d’un enfant… 

De plus, il tient à chaque assistante maternelle de faire parvenir à l’Attaché un suivi régulier de l’enfant, l’évolution de ses besoins et de ses difficultés.

12/ Que pourrait-on améliorer pour les enfants, et pour la famille d’accueil ?

Pour moi, la plus grande difficulté de ce métier n’est pas, contrairement aux idées reçues, l’accueil des enfants difficiles, qui certes mettent du sel (et du poivre !) dans votre vie, mais qui en grande majorité ne demandent qu’à aller mieux.

Je pense que ce qui m’a été le plus difficile, c’est la toute puissance de l’Attaché, la souveraineté de ses décisions, parfois contraires aux besoins de l’enfant, et que vous êtes en plus sommé d’exécuter à votre domicile !

La sensation de ne pas être considérée et entendue, encore moins soutenue, a pesé lourd sur mon travail. Il faut savoir que les agréments sont renouvelables tous les cinq ans, et bien peu nombreuses sont les assistantes maternelles qui en font la demande…

Améliorer les conditions de travail que j’ai connues, ce serait avant tout investir dans l’enfance, mettre les moyens financiers suffisants pour que ces enfants aient un suivi digne de ce nom. Ensuite, les décisions prises pour chaque enfant devraient, dans l’idéal, être prises par une équipe qui cherche la meilleure solution pour lui, le poids de la parole égalitaire entre les différents intervenants (travailleurs sociaux, éducateurs, assistante maternelle, psychologue…).

Or les décisions sont prises en interne, en vase clos ; les intérêts de l’enfant sont souvent sacrifiés pour des raisons contestables, financières, menaces des parents, dires d’un éducateur influent, décision arbitraire…

Les enfants ne sont pas représentés, ils ne sont que des numéros sur des dossiers. Les assistantes maternelles à peine tolérées dans les bilans décisionnels. Les informations reçues sur les enfants et connues du service très insuffisantes ; la transparence n’est pas, loin de là, la qualité première des services de l’Enfance…

Certains ados placés en grande difficulté sont un peu abandonnés à la famille d’accueil qui doit s’en débrouiller, il n’y a pas de « mode d’emploi » (n’oublions pas qu’on travaille avec de l’humain), la famille d’accueil ne reçoit aucun soutien, aucun conseil, juste des mises en cause le cas échéant. Les propres enfants de l’assistante maternelle ne reçoivent ni suivi ni soutien et ne sont jamais entendus, alors qu’ils sont à la première place en fréquentant ces enfants et détiennent souvent des confidences, des observations, et jouent un rôle important au quotidien.

Un autre point qui me semble peser lourd sur cette profession est que la personne qui prend les décisions pour l’enfant accueilli est également votre supérieur hiérarchique, l’Attaché, ainsi votre parole est bridée par cette conception : on ne peut s’exprimer librement sur une situation sans prendre le risque des conséquences possibles…

13/ Comment faites-vous pour le temps des vacances en famille ?

Les assistantes maternelles ont droit à des vacances annuelles, réservables trois mois à l’avance sur demande, qui m’ont toujours été accordées. Les autres temps de vacances scolaires, et les week-ends, les enfants accueillis sont présents et ont partagé nos loisirs et nos voyages.

14/ Quel est votre ou vos plus mauvais souvenirs ?

Les plus mauvais souvenirs sont nombreux et variés… Une maman agressive qui a cassé le pare-brise de ma voiture avec un pavé, et dont j’appris plus tard d’ailleurs que son fils « fournissait » tout le quartier pendant son accueil chez nous.

Le « passage en machine-à-laver » de toutes les assistantes maternelles de Cerdagne par une équipe de travailleurs sociaux des Pyrénées-Orientales qui m’a considérée comme incompétente au bout de dix ans d’exercice et qui a entraîné mon remerciement – officiellement pour « raison économique » après m’avoir menacée de me licencier pour « faute grave ».

Les moments de désarroi face aux souffrances de certains enfants, peu ou pas soutenus ou suivis malgré mes demandes persistantes, ce qui a eu des conséquences au sein de ma famille et a touché mes enfants.

La déconsidération de mon travail, les conséquences pour les enfants accueillis, de la part de travailleurs sociaux qui avaient plus à cœur de saper mon travail ou d’exercer leur petit pouvoir que de rechercher l’intérêt des enfants ; les séparations brutales et non justifiées avec des enfants attachants que nous aurions pu amener plus loin par la main sur leur chemin…

15/ Quel est votre ou vos meilleurs souvenirs ?

Les bons souvenirs sont liés à la personnalité de ces enfants, aux moments de complicité, au bonheur de partager, au sentiment de richesse avec une maison pleine d’enfants, au plaisir d’en voir quelques-uns aller mieux, s’en aller vers l’avenir et devenir à leur tour parent !

Je crois que mon plus beau souvenir est le jour où j’ai reçu dans ma boîte à lettres, plusieurs années après, une jolie lettre de ce petit arraché de chez nous à l’âge de onze mois, avec un gros cœur en couleurs et quelques mots, parce qu’il avait commencé entretemps à apprendre à écrire à l’école…

16/ Quels impacts positifs ou négatifs votre métier « de famille d’accueil » a-t-il eu sur vos propres enfants ?

En toute honnêteté, j’hésite à répondre à cette question. Nous avions choisi d’être une famille accueillante comme un choix éducatif pour nos enfants, une ouverture d’esprit et de cœur, une habitude de tendre la main vers celui qui souffre, sans crainte du jugement de la société qui étiquette et enferme en catégories ceux qui ont eu une enfance tortueuse, et sans crainte d’être « mordu », dans l’assurance que celui à qui l’on a donné un petit coup de main peut faire de grands pas vers son avenir, sans guérir, non, on ne peut pas guérir de son passé, mais en pouvant vivre avec.

Cependant, je ne peux pas dire que nous ayons entièrement atteint nos objectifs : mes enfants, maintenant grands, nous ont reproché ce choix de vie, le disant certes enrichissant mais aussi pesant dans leur quotidien à l’époque, empêchant un certain confort, une insouciance et une intimité familiale. Bien loin des fictions télévisées et de leurs clichés idylliques… Bien sûr, nous ne leur disions pas tout du vécu des enfants accueillis, mais nous tentions de leur expliquer leurs souffrances et leurs blessures. Mon fils trouve que cela lui a donné un certain recul par rapport à la vie, de la maturité, de la tolérance, mais aussi peut-être trop tôt dans leur vie. « Une leçon utile, mais dure ».

Le bilan reste mitigé.

En conclusion je dirais, pour moi, assistante maternelle, un beau métier, très difficile à exercer, avec peu de soutien et de considération, dans des conditions aléatoires.

***

Merci chère Madame pour votre témoignage. Puissiez-vous recevoir la reconnaissance que vous méritez. 

Pr Henri  Joyeux

 


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