La vie au bout des doigts
Categories: Lettres | Published On: 24 mai 2016 |

La vie au bout des doigts et « Azyme »

Voilà deux livres d’importance, complémentaires. L’un auquel j’ai participé, l’autre Azyme qui ouvre des perspectives au-delà de la nourriture essentielle qu’est le pain de chaque jour. Dans Azyme, Jean Philippe de Tonnac s’interroge sur ce moment fondateur, dont le pain est le symbole à jamais. La pâte qui ressemble à la chair… entre la main et la pâte, une alliance ancienne.

Chirurgien, Réanimateur-Urgentiste et Philosophe

Nos mains sont fascinantes. Un petit muscle, ”l’opposant du pouce”, différencie nos mains de celles des singes. Notre pouce est capable de s’opposer aux autres doigts. Là est l’essentiel de notre dextérité pour la peinture, la calligraphie, sculpter le bois, pétrir la pâte.. pour guider l’acte chirurgical. Nos doigts dansent sur un clavier et sur des cordes très fines libèrent des harmoniques qui touchent nos âmes.
À trois nous avons réfléchi à la vie au bout de nos doigts. Les mains du chirurgien, de l’urgentiste et d’une philosophe. Des mains qui cherchent à sauver, des mains qui ouvrent à la réflexion pour trouver du sens. La philosophe nous a poussés, Jacques Di Costanzo et moi-même, dans nos retranchements. Dans ce livre commun, chacun livre ses secrets, ses motivations, ses peurs, ses espérances.

Comment fonctionne un Chirurgien quand on lui confie tout son corps ?

Comment prépare-t-il la lourde et dangereuse intervention du lendemain ? Combien de personnes autour du patient pour qu’il s’endorme paisiblement, pour le recouvrir de champs opératoires ? Quelle dextérité particulière pour parcourir le corps malade, supprimer ce qui fait mal, ce qui risque de partir ailleurs dans le corps ? Comment le chirurgien décide-t-il qu’il est encore possible d’intervenir pour sauver la vie, alors que plusieurs collègues moins expérimentés pensent que la ”partie est perdue” ? Comment expliquer au patient sans l’affoler, parler à la famille pour qu’elle comprenne qu’on n’est pas le Bon Dieu ? Que faire de ses échecs, sinon les regarder en face pour progresser. Une vie passionnante au service des autres.

Comment fonctionne un Réanimateur-Urgentiste face à une situation extrême ?

Pas beaucoup de temps pour réfléchir. Des réflexes acquis par des jours et des nuits de garde. Les secondes comptent, le massage cardiaque combien de temps avant d’abandonner ? L’expérience fait la différence avec le jeune qui a tout appris dans les livres… Dans l’équipe, comme dans un orchestre, chacun est responsable. Mais les ordres viennent du chef. À chacun sa partition. C’est le détail qui peut redonner la vie ou la laisser partir. Être un observateur aiguisé. Hiérarchiser, discerner, décider et attendre les résultats. Dans les cas les plus lourds, s’armer de patience. À chaque jour suffit sa peine. Persévérance et espérance. Chaque jour qui passe est un jour gagné.

Comment fonctionne une Philosophe ?

Elle réfléchit au sens des actes, mesure les situations humaines, les dissèque sans faiblesse, renvoie au miroir des situations vécues. Avec le chirurgien et l’urgentiste, elle pousse à méditer le rôle de la main comme prolongement du cerveau dans la relation à l’autre…
La philosophe est là pour ramener sur terre, remettre l’homme dans sa finitude et le placer face à ses responsabilités. Quand la raison s’égare dans des réformes remplies de non-sens, il faut revenir et s’en remettre aux bons soins de la philosophie. Elle peut conduire à une éthique réellement au service de l’homme souffrant. Une urgence actuelle, la philosophe reste connectée au concret pour ne pas s’égarer dans l’idéologie.

La guérison du corps et de l’esprit vont de pair. Ils peuvent être dissociés quand le coma se prolonge. Quand le cerveau n’est plus irrigué, l’électroencéphalogramme est plat. Ce corps peut encore se donner pour sauver une autre vie, d’autres vies.

Dans La Vie au bout des doigts, c’est un message d’espoir qui est délivré.

La mort ne présente plus désormais ce caractère inéluctable, à court terme, qui la rend si redoutable. Des médecins, de plus en plus performants grâce à la technologie moderne, et assistée par un personnel soignant aussi compétent que dévoué, luttent jour et nuit pour la vie. Reste qu’ils seront toujours vaincus un jour ou l’autre !

L’homme parviendra-t-il, un jour, à assouvir son vieux rêve d’immortalité ? Si les progrès de la science nous rassurent quant à l’avenir à moyen terme de l’humanité, l’Hubris, cet orgueil démesuré qui pourrait s’emparer de l’homme, suffirait à lui faire croire qu’il serait, un jour, l’égal de Dieu.

Cet ouvrage est à placer entre toutes les mains, car il interroge et explique, mais surtout parce qu’il délivre un véritable message de vie.
Laissons le transhumanisme délirant et utopique qui déshumanise. Restons ancrés dans l’humus, l’humilité pour comprendre ce dont l’homme a le plus besoin : de  pain, de reconnaissance, d’amour et d’espérance.

”Azyme” vers le pain de chaque jour, la nourriture essentielle

Le dernier livre, un roman lumineux de notre ami Jean Philippe de Tonnac, Azyme, apporte des réponses éblouissantes, étonnantes à une question que personne ne se pose.
Azyme ? C’est le pain de la Pâque, Pessa’h ou Pascha, universellement connu et reconnu. Quand les Hébreux doivent quitter l’Égypte en toute hâte pour se libérer de l’esclavage. Pas le temps de faire lever le pain. C’est le pain sans levain. Le pain de l’urgence. Ce même pain est celui que rompt Jésus la veille de son supplice sur la Croix.

La question : qui a préparé ce pain azyme pour ce Rabbi, Nazaréen, venu de Galilée ? Il réunit ses 12 premiers collaborateurs : l’un d’eux va le trahir, le banquier ! Il lui lave les pieds comme aux autres, le nourrit avec la première bouchée.

Servir, c’est se donner humblement, sans certitude de convaincre.

À l’approche de Pessah, c’est l’excitation qui étreint chacun de nous. Il y avait une inquiétude palpable. Celle d’un moment fondateur.

Hébreu, Seigneur des chrétiens, Prophète des musulmans, le Rabbi nous convie encore, tous, croyants ou incroyants, à ce repas exceptionnel où il se donne.. pour guérir l’humanité. Guérir c’est entrer dans un corps plus grand que le vôtre.

Le malade atteint de cancer et qui guérit le vérifie et le dit différemment : «  je vois la vie autrement, je ne suis plus le même homme, la même femme. Je remercie ma maladie ! Elle m’a révélé à moi-même. »

Qui donc a fait ce pain de l’urgence, alors que le pain aime prendre son temps ?

Jean Philippe de Tonnac répond.

Des mains de femme, une femme choisie évidemment : « Le pain m’habitait, il faisait partie de moi… la rencontre de la farine et de l’eau vive dans un plat de terre … la main s’ouvre, elle s’est creusée pour accueillir la poudre immaculée…le grain se protège… Entre le coeur et les mains, il ne peut y avoir l’espace d’une question… Le pain était le prolongement du champ, des moissons, des oiseaux qui les volent. L’azyme a le goût de la liberté. Des mains parchemins… . Les pains ne doivent pas gonfler dans le four, ce sont les pains de l’humilité. Le pain pétri pour lui, le pain de vie, le pain des pauvres… »

Un récit, doux et grave, qui touche par son évidence et sa délicatesse, d’autant plus qu’il est écrit par un incroyant, d’une étonnante spiritualité, qui par le pain a trouvé ce personnage, Rabbi clairvoyant. Il dit à travers ce pain ce qui est plus que le pain.

Je l’ai goûté, il a goût d’éternité. Ce livre m’a convaincu que la croyance demande une grande humilité pour comprendre que le Tout peut être dans le Rien. Du visible à l’invisible qui donne sens à nos vies et nous fait vivre.

Je vous conseille de déguster Azyme, vous aurez envie de le partager vous aussi.

À bientôt,

Pr Henri Joyeux

 

 


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