Les remèdes contre la pollution

La santé commence dans la rue

La santé, ce n’est pas seulement, bien manger, avoir une bonne activité physique, de bonnes relations avec les autres… C’est aussi respirer du bon air. Cet air ne doit pas être seulement à la mer ou à la montagne, où alors nous devrions tous nous y installer.

Les pics de pollution qui se succèdent depuis plusieurs années, hiver comme été dans les grandes villes, ont des conséquences négatives pour notre santé. Elles sont scientifiquement reconnues. Tellement que certains responsables écologiques ont demandé la création d’un ministère de la santé et de l’environnement.
Il faut voir plus large, car l’environnement dans notre pays, c’est aussi tout le milieu de l’agriculture.
C’est d’un grand Ministère de l’Agriculture et de la Santé dont nous avons besoin, car c’est l’Agriculteur qui doit être considéré comme le premier acteur de notre santé. Le médecin n’est pas premier. Il est encore trop dans les diagnostics, organe par organe et dans l’obsession des traitements.
La prévention santé, les politiques en parlent mais ne font rien, empêtrés dans les influences des laboratoires pharmaceutiques qui multiplient leurs molécules dont les effets secondaires créent de nouvelles maladies.

La pollution devient le marqueur de notre civilisation

Elle envahit nos villes et nos campagnes avec une agriculture productiviste aberrante. Elle s’ajoute aux autres causes reconnues des cancers qui réduisent nos défenses immunitaires : le tabac, les mauvaises habitudes alimentaires, les perturbateurs endocriniens, les conduites à risques des maladies infectieuses surtout virales, le stress et la génétique…

Pollution, déprimes et suicides : des liens établis

Une personne que je soigne appartenant à la SNCF me disait que ce mois de décembre est celui des suicides sur les voies ferrées.
Une publication scientifique japonaise présentée par mon collègue psychiatre le Pr Michel Lejoyeux dans son excellent livre « Les Quatre saisons de la bonne humeur » (JC Lattès) affirme « la preuve de l’action toxique de la pollution sur le psychisme nous vient de recherches japonaises. Une équipe de météorologues et de psychiatres japonais a mesuré la pollution aux particules fines à Tokyo entre 2001 et 2011. … Leur verdict est formel, il y a un lien entre la pollution aux particules fines et l’augmentation du taux de suicide, 75% de l’année. Les plus jeunes (moins de 30 ans) et les plus âgés (plus de 60 ans) sont les plus sensibles. Si vous vous sentez un peu plus fatigué, avec moins d’entrain et moins d’énergie les jours de pic de pollution, rien d’étonnant donc. Ce peut être un effet de la pollution sur votre cerveau et vos émotions. »
Il poursuit : « Chez les plus déprimés, la pollution provoque des dommages encore plus graves. Les mêmes chercheurs japonais ont trouvé une corrélation entre l’augmentation des tentatives de suicide et des suicides accomplis et les pics de pollution. Comment la pollution peut-elle créer de la déprime ? Elle provoque une inflammation des neurones. Les cellules deviennent sensibles au stress et les connexions entre neurones sont fragilisées. La pollution augmente aussi les hormones du stress comme l’adrénaline et le cortisol.
La bonne nouvelle, c’est que ces effets de la pollution sur le cerveau et les émotions disparaissent après quatre jours au grand air. » Et encore, « quand vous marchez rapidement, ne serait-ce que 6 minutes, vous parcourez environ 630 mètres et vous augmentez de 30% votre niveau de bonne humeur. Une activité physique qui augmente de 30% votre rythme cardiaque fait autant de bien à votre moral qu’une activité qui l’augmente de 80%. Les activités physiques les plus bénéfiques au moral sont régulières, sans épuisement et idéalement pratiquées à deux ou à plusieurs. »

Quant au pic de pollution, il n’épargne personne, ni les piétons, ni les cyclistes qui sont les moins pollueurs..

La circulation alternée tardive : une mesurette insuffisante

Comme le dit, dans l’Obs Julie D., la trentaine qui vit à Paris et se déplace exclusivement à vélo : « on ressent en général les effets de la pollution dès le deuxième jour d’exposition. … En hiver, comme c’est le cas en ce moment, il fait froid donc je dois hyperventiler pour me réchauffer. Mes cycles respiratoires ont une fréquence plus élevée que d’habitude, j’absorbe donc plus de pollution que le reste de l’année. Je me retrouve aussi très souvent au niveau des pots d’échappement. En termes de symptômes, j’ai la gorge qui pique, les yeux et le nez qui coulent. C’est la même chose qu’un gros rhume. »

Aussi, je ne résiste pas à publier en suivant cette lettre ouverte, rendue publique récemment, que m’a envoyée un cycliste chevronné.

Faudra-t-il abandonner le vélo dans les villes ou s’encagouler pour circuler avec plus de sécurité ?

Des décisions courageuses doivent être prises, soutenues par des arguments solides : d’importantes économies de santé publique déjà calculées.

La santé intéresse de plus en plus les français. Elle n’est pas que dans les hôpitaux, les cliniques ou les cabinets médicaux. Elle est aussi dans la rue !

Pr Henri Joyeux