Conseils nutritionnels aux futurs parents pour leur projet de naissance
Les troubles de la fertilité sont de plus en plus fréquents d’année en année, ainsi que le confirment l’enquête nationale périnatale et l’observatoire épidémiologique de la fertilité en France. L’absence de grossesse malgré des rapports sans contraception pendant 12 mois concerne jusqu’à 25 % des couples en âge de procréer, et jusqu’à 11% des couples sur 24 mois. On note que 30 à 50 % des grossesses ne surviennent qu’après 6 mois de tentatives (contre 4 à 5 mois maximum, physiologiquement). Les causes de ces difficultés sont nombreuses, et souvent plus simples à comprendre qu’on ne pense. On parle de causes médicales, génétiques, environnementales…
Trois quarts des cas sont d’origine masculine, féminine, ou les deux et 25 % des cas d’infertilité sont inexpliqués. On est bien loin des clichés machistes : les hommes sont autant concernés que les femmes. On n’évoque que rarement les solutions autre que médicales (stimulation hormonales, procréation médicalement assistée) à cette détresse qui touche de trop nombreux couples.
En cas de difficulté à concevoir, une consultation permet de contrôler les fonctions reproductive chez la femme comme chez l’homme : examen des fonctions génitales, contrôle des fonctions hormonales, examen de la réserve ovarienne pour elle, et spermogramme pour lui.
L’alimentation et l’environnement toxiques de la reproduction
Face à ces difficultés, les perturbateurs endocriniens sont pointés du doigt, en tant qu’interférences directes avec les mécanismes de la fécondité, et il faut bien sûr en tenir compte. Ils sont nombreux, et présents à tous niveaux dans notre quotidien.
Pour n’en oublier aucun, on peut se référer à l’excellent ouvrage de Corinne Lalo que tous les couples devraient avoir lu : « Le grand désordre hormonal- ce qui nous empoisonne à notre insu » (Ed. Le cherche Midi 2021), qui les cite de façon simple et efficace avec 6 P : Pesticides, Plastifiants, Perfluorés, Parabènes, Polybromés, Pharmaceutiques… Chacun de ces grands groupes de polluants est de près ou de loin, un coupable potentiel ou avéré.
Les pesticides sont présents dans l’agriculture industrielle intensive, et dans les produits dérivés. On doit leur ajouter le glyphosate et les nombreux phytosanitaires, dont la nocivité est avérée malgré le doute semé continuellement par ses défenseurs, et les nombreux additifs alimentaires proposés dans les divers produits ultratransformés.
Les pharmaceutiques (médicaments) le plus souvent incriminés sont les pilules contraceptives, mais il ne faut pas oublier que beaucoup d’autres peuvent jouer un rôle négatif, en perturbant la genèse de l’appareil reproducteur dès le stade embryonnaire, et à plusieurs moments dans la vie fœtale. Sans aller jusqu’à évoquer le scandale du distilbène, on trouve de nombreuses molécules dont l’usage est à proscrire pendant la grossesse.
Cette période de la vie utérine est une étape de construction intensive, où le nouvel être humain est plus vulnérable que jamais. Sauf urgence médicale, on essaie d’éviter le plus possible l’utilisation de médicaments pendant ces 9 mois.
Les plastifiants concernent directement l’alimentation, car ils interviennent souvent dans le conditionnement et la conservation d’aliments et de boissons.
Ces constats nous imposent déjà quelques précautions :
– choisir des aliments plutôt biologiques certifiés et de proximité
– éviter les aliments en conserves métalliques (film plastique de protection à l’intérieur), bouteilles plastiques, boites plastiques… au profit de récipients en verre ou en fer blanc (intéressant pour les huiles végétales).
– favoriser les mécanismes d’élimination de ces substances par l’organisme : urinaire avec une bonne hydratation, hépatique et intestinal avec un transit régulier.
Le foie, votre principal allié contre les toxiques
Stimuler et protéger son foie est une habitude à ne pas négliger (voir notre livre « Votre foie a besoin d’amour » Ed le Rocher 2020). En effet, les toxicologues savent bien qu’il est responsable de la neutralisation et de l’évacuation des substances (naturelles ou pas) qui peuvent représenter une toxicité selon la dose accumulée dans l’organisme.
Pour cette raison, dans la préparation à un projet de bébé, prévoir un temps de détoxication a beaucoup de sens aujourd’hui. Idéalement 3 mois de cure pour laisser au moins deux mois d’une spermatogenèse moins perturbée, et d’améliorer le déroulement des cycles. En effet, nombre de jeunes femmes expliquent souffrir de règles douloureuses, trop abondantes voire hémorragiques, parfois associées à des migraines, de la rétention d’eau, des douleurs au bas ventre, aux seins, parfois des poussées d’acné et souvent une irritabilité difficile à vivre.
On va donc commencer par réduire ou éviter si possible la consommation des aliments ultratransformés, de production industrielle, ou contenant des substances plus ou moins toxique (additifs et alcool, mais aussi antibiotiques, pesticides, hormones, facteurs de croissance… bien, présents dans les viandes bovines, le lait industriel et ses dérivés, régulièrement épinglés par les investigations sérieuses).
Il faudra se tourner vers des matières premières brutes de qualité que l’on transformera soi-même à la maison, de façon simple et goûteuse. Côté produits laitiers, on préfèrera des fromages ayant une vraie identité, une AOP, liée à un terroir, un espèce, et un savoir-faire issu de l’artisanat.
Il faut sans hésiter prévoir une cure de détoxication, en se faisant accompagner par une personne connaissant bien la question. La micronutrition et la phytothérapie seront des alliés précieux dans cette étape incontournable, qui permettra d’améliorer bien des signes que le foie essaie de vous envoyer : acné, mauvaise digestion, lourdeur, fatigue chronique, syndrome prémenstruel, peau terne, constipation, putréfactions intestinales…
Le surpoids et l’obésité, mauvais compagnons de la fécondité
Les excès de tissu adipeux ne sont pas non plus souhaitables. Les raisons ne sont pas esthétiques, sans quoi il suffirait d’une démarche d’acceptation de sa morphologie. Ce conseil part d’un constat qui n’est pas si récent : les surpoids sont statistiquement associés à des troubles du cycle menstruel et à une hypofertilité.
Dans la consultation de préparation à un projet d’enfant, on prend toujours en compte cet aspect, en programmant une perte de poids par la réduction des féculents et produits sucrés, doublés d’une augmentation de l’activité physique selon les possibilités de chacun. La marche active, le footing, le renforcement musculaire, la natation, l’aquabiking… les possibilités sont nombreuses, et le plaisir aidera à prendre de bonnes habitudes.
Côté alimentation, on va procéder à quelques changements :
– moins de pain, pas de pain blanc, de féculents (maximum ¼ de l’assiette)
– moins de céréales, de laitages sucrés, de sucre ajouté
– plus de produits complets, de fruits et légumes frais de saison peu cuits ou crus
– plus d’oléagineux, d’huiles végétales de qualité (en premier lieu colza bio, cameline, chanvre, mais aussi olive…).
– On va réduire la consommation de viande bovine à 1 fois maximum par semaine, au profit de la volaille, du poisson, des œufs… de qualité fermière… Les œufs sont une très bonne source de cholestérol dont l’organisme a grandement besoin pour fabriquer les hormones de la reproduction.
Les micronutriments, indispensables, incontournables… et laissés pour compte ou presque !
L’utilisation de compléments alimentaires en période de grossesse est quasiment devenue un réflexe. Le plus souvent, on parle de l’importance de la vitamine B9 pour réduire le risque de malformation du système nerveux (spina bifida).
On conseille de prendre du fer pour réduire le risque d’anémie (fréquent après le 4° mois). Parfois on évoque même l’importance des oméga 3 (contre la dépression post-partum). On pense plus à prendre des compléments alimentaires « contre les malformations ou les carences », mais on évoque trop rarement combien les micronutriments sont importants « pour le développement du bébé et la santé maternelle ».
Le fait est que tous les micronutriments auront un rôle à jouer dans le développement fœtal, et on peut difficilement considérer qu’une vitamine, un minéral ou un oligoélément soit plus important que les autres.
Le mieux est de commencer par les fondamentaux de l’alimentation santé :
– 3 portions de fruits frais de saison minimum (sauf fruits exotiques qui viennent en bonus… dont la banane).
– 2 crudités au choix + minimum 2 portions de légumes cuisinés (pas trop cuits).
– 2 poignées d’oléagineux (noix, noisettes, amandes, graines de tournesol, de lin…) à consommer quand on veut (salade, collations, salade de fruits frais…).
– Poisson 3 fois par semaine (cuisson vapeur pour réduire le contenu en toxiques divers et variés comme le mercure).
– Volaille fermière 2 à 3 fois par semaine, au moins 1 œuf coque à chaque petit déjeuner.
– Viandes bovines, porcines, charcuterie, maximum 1 fois par semaine.
– Si possible faire une journée 100 % végétale, en consommant de bonnes protéines végétales (graines de chanvre, quinoa, sarrasin, mix de légumineuses/céréales complètes).
– Assaisonner avec des huiles riches en oméga 3 : de colza, cameline, chanvre, toujours bio, vierges, de première pression à froid, en bouteille en verre sombre (les huiles industrielles en bouteille plastique ne sont pas recommandables).
– L’huile d’olive servira également à assaisonner, mais elle ne contient pas d’oméga 3. Elle reste la matière grasse préférentielle pour la cuisson (sans jamais la faire fumer !).
Des compléments alimentaires ?
Au besoin, on peut tout à fait considérer l’utilisation d’un bon complément alimentaire. Le mieux est de solliciter un spécialiste qui vous conseillera autant sur vos menus que sur les supplémentations réellement utiles.
Les essentiels seront la plupart du temps :
– un « multivitamine » complet comprenant les vitamines B, dont la B9 et la B12, mais aussi les vitamines A, C, et E.
– une supplémentation d’appoint en Fer, selon la situation au départ… car le bébé autant que la maman en utiliseront beaucoup.
– d’autres oligoéléments comme le zinc, l’iode, le sélénium sont moins connus mais tout aussi importants. (Zinc pour les hormones de la reproduction, la spermatogenèse, Iode, pour la thyroïde, sélénium pour l’immunité, la détoxication…)
– une supplémentation en oméga 3 sera utile aussi bien pour la résistance au stress des parents que pour le développement du système nerveux de l’enfant.
– si besoin une supplémentation en vitamine D, trop souvent déficitaire de nos jours, tant on passe sa vie sous la lumière de nos plafonniers plutôt que celle du soleil.
Bien d’autres conseils pourraient être donnés, pour aller plus loin, être plus spécifiques ou plus personnalisés, et c’est ce que pourra apporter plus efficacement une consultation en nutrition.
Avant tout, il ne faut pas se décourager mais plutôt essayer de s’armer contre le stress profond que peut générer l’infertilité. Trop de stress perturbe le système hormonal, alors il faudra penser à prendre l’air, bouger, se détendre, se défouler et enfin s’apaiser, si besoin avec un peu de méditation de sophrologie, de cohérence cardiaque… car il s’agit bien de cohérence à tous niveaux. Seul un organisme en bonne santé est en mesure de se reproduire facilement.
Nous vous souhaitons à toutes et tous une bonne santé, et qu’elle soit couronnée par cette naissance que vous appelez de vos vœux les plus profonds.
Jean Joyeux
Nutritionniste, Micronutritionniste, Diététicien
Enseignant à l’école de Nutrition Holistique à Genève
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