Je reçois beaucoup de mails, de France comme de l’étranger, suite au livre publié avec Laurence en 2014 : « J’aimerais tant qu’on se revoie… mon fils » (Ed FX de Guibert).
Un internaute manifestement non concerné résume le livre ainsi : « Ces échanges épistolaires entre le chirurgien cancérologue et une mère qui vient de perdre son fils de 19 ans peuvent accompagner les parents qui ont à faire face à la perte d’un enfant. »
En réalité, je me rends compte que ce dialogue délicat avec Laurence, qui a vu son fils partir dans des souffrances inimaginables, touche plus de personnes que je ne le pensais. Chacun est concerné par la perte d’un être cher, quel que soit son âge et même quand le départ est plus ou moins attendu.
Que de questions qui taraudent les jours et les nuits ! Où est-il ? Pense-t-il encore ? Il nous manque tellement… Y a-t-il un espoir de le retrouver ? Néant ou certitude d’un avenir improbable ? Faire son deuil n’a pas de sens, est-ce possible ?
Voici la quatrième de couverture de ce livre :
« Parce qu’un jour, l’impossible, l’inimaginable se produit, devient la réalité… Un enfant, son enfant s’en va, ailleurs, au-delà… Après le choc, après le chaos, reste un mince espoir qui redonne goût à la vie, l’envie de continuer : son âme reste vivante, l’amour l’emporte, l’amour plus fort que la mort… Mais le chemin pour y parvenir est long, très long, si long… »
« Terrassée par la mort de Tristan, emporté par un cancer foudroyant à 19 ans, Laurence, sa mère, est au bord du suicide. Un soir, par hasard, elle envoie un message sur le site d’un chirurgien qu’elle ne connaît pas, une « bouteille à la mer »… Stupeur : contre toute attente, une réponse arrive aussitôt : « Il faut accepter de vivre […] sous sa protection… Ce n’est plus lui qui a besoin de vous, c’est vous qui avez besoin de lui… L’amour ne peut pas finir. Les vivants qui sont partis peuvent nous laisser des signes… Pendant plus d’un an, le dialogue serré et presque quotidien se poursuit entre cette maman profondément blessée et le cancérologue. Ce livre bouleversant en est la transcription brute, puisse-t-il être aussi un signe pour tous ceux qui guettent une espérance. »
Cette lettre très simple, cette semaine, est destinée à faire patienter. Je réponds évidemment dès que je le peux. Laurence, avec laquelle je continue de correspondre, me demande de mettre sur le net la conférence que je donne sur le sujet. Elle m’écrivait récemment :
« Quand on perd un enfant, on se retrouve brutalement à l’état d’enfant soi-même, un grand retour en arrière, sauf qu’on n’est plus un enfant. Alors, outre la culpabilité ou la dévalorisation de soi-même et bien d’autres sentiments non fondés, on ressent surtout de la peur : peur de l’avenir, peur que cela recommence, peur des autres, mais surtout, je crois, peur de soi-même… livré à soi-même…et ceci même si on est très bien entouré, aimé, on se sent seul, désespérément seul… plus personne ne nous guide, décide à notre place… nous rassure. Finalement, on ressent qu’on ne peut réellement compter que sur soi et cela engendre la peur… une grande peur… Un enfant n’a pas peur car il a ses parents, il a une confiance absolue en eux, il s’en remet à eux complètement, en confiance… Adulte, on n’a plus personne en qui avoir cette confiance… Je ne vois que Dieu qui puisse redonner cette confiance, personne d’autre… »
Mes conférences ne sont pas toujours enregistrées. Certes, mes pensées ne s’envolent pas comme les feuilles au vent. Elles s’approfondissent. En un sens vos questions, vos états d’âme me stimulent, me poussent à aller plus loin, à mieux comprendre la souffrance des malades, et de tous ceux qui, en famille et en bonne santé, accompagnent leurs chers disparus.
Je promets que ma prochaine conférence sur le sujet – qui aura lieu à Orléans prochainement – sera enregistrée et mise sur le net.
Belle semaine à tous,
Professeur Henri Joyeux
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Luc Montagnier a découvert en 1983 le virus du sida (VIH, Virus de l’Immunodéficience Humaine). Il a très vite compris qu’un vaccin contre ce retrovirus à ARN, serait très difficile à mettre au point du fait de ses mutations permanentes. Quarante plus tard le vaccin n’existe toujours pas.